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Les agriculteurs en attente d’une prime verte pour optimiser leur bilan carbone

EN BREF

  • 10% des émissions de GES au Québec proviennent de l’agriculture.
  • Les agriculteurs luttent pour améliorer leur bilan carbone, mais peinent à recevoir une prime verte.
  • Urgence climatique : nécessité de stockage de carbone dans le sol.
  • Les initiatives pour la réduction des émissions sont mal encadrées et peu rémunérées.
  • Des modèles d’affaires sont en développement pour valoriser les efforts des agriculteurs.
  • Objectifs gouvernementaux visent une réduction des émissions de 5% d’ici 2030.
  • Pression croissante de l’industrie agroalimentaire pour des pratiques durables.
  • De nombreuses pratiques agricoles existent pour améliorer le bilan carbone à coût nul.

Agriculteurs en attente d’une prime verte pour optimiser leur bilan carbone

Le secteur agricole, représentant 10 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) au Québec, possède un potentiel considérable pour réduire son impact environnemental. Malgré les efforts des agriculteurs pour améliorer leur bilan carbone, tels que l’adoption de meilleures pratiques, ils ne sont pas encore rémunérés pour ces initiatives. Des projets émergent pour établir des modèles d’affaires permettant de valoriser ces réductions, comme le projet AgroCarbone, mais les paiements incitatifs manquent encore à l’appel. Les agriculteurs se voient confrontés à des défis pour réduire leurs émissions, sans bénéfice financier immédiat, malgré les cibles gouvernementales pour 2030 visant des réductions significatives des GES. Les discussions entourant la monétisation des efforts de durabilité se poursuivent, mais la pression de l’industrie agroalimentaire reste faible pour l’instant.

Dans le contexte actuel de changement climatique, les agriculteurs jouent un rôle clé pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). Toutefois, pour ceux qui s’efforcent d’améliorer leur bilan carbone, l’absence de rémunération adéquate par le biais d’une prime verte suscite des inquiétudes. En effet, bien que de nombreuses initiatives émergent pour inciter les pratiques durables, les agriculteurs restent en grande partie dans l’attente de soutiens financiers concrets. Cet article explore les défis auxquels se heurtent les agriculteurs qui cherchent à adopter des méthodes plus écologiques et l’importance cruciale des primes vertes dans cette démarche.

Le secteur agricole et son empreinte carbone

Le secteur agricole est responsable d’une part significative des émissions de GES au Québec, représentant environ 10 % de l’ensemble des émissions. Ces émissions sont principalement dues à des pratiques telles que la digestion des animaux, la gestion des fumiers et des sols, ainsi que l’utilisation des fertilisants. Loin d’être un simple problème de chiffres, ces émissions ont un impact considérable sur notre environnement et notre santé.

Les agriculteurs sont alors confrontés à la nécessité d’adopter des pratiques plus durables. Cela peut inclure des stratégies telles que la diminution de l’utilisation d’engrais de synthèse, l’implantation de cultures de couverture et la mise en œuvre de l’agroforesterie. Cependant, cette volonté d’agir est souvent freinée par le manque de soutien financier pour ces initiatives.

Les enjeux de la prime verte

Pour de nombreux producteurs, la prime verte est d’une importance capitale. Elle représente une compensation financière pour les efforts réalisés en matière de réduction des GES, permettant ainsi de rendre viables des méthodes agricoles plus durables. Christian Grenier, un producteur de porcs dans la région de la Capitale-Nationale, explique que même s’il fait des efforts pour diminuer son empreinte carbone, il ne peut pas encore capitaliser financièrement ces efforts dans le système agroalimentaire actuel.

Les primes vertes sont donc considérées comme un moyen incontournable pour inciter les agriculteurs à adopter des pratiques respectueuses de l’environnement. Sans une rémunération adéquate, les agriculteurs peuvent être réticents à se lancer dans des projets visant à réduire les émissions.

Des initiatives louables mais insuffisantes

Des programmes émergent pour aider les agriculteurs à mesurer leur bilan carbone et à améliorer leurs pratiques. Toutefois, ces initiatives restent souvent à un stade expérimental et ne se traduisent pas encore par un soutien financier tangible. Maude Fournier-Farley, directrice de l’innovation chez Sollio Agriculture, souligne que, malgré la montée en puissance des initiatives actuelles, il existe encore une grande incertitude quant à la façon dont ces efforts seront encadrés et rémunérés.

Le rôle de l’innovation dans l’agriculture durable

Avec la pression croissante des consommateurs et des gouvernements pour réduire les émissions de carbone, l’innovation devient un moteur essentiel. Plusieurs projets, comme celui d’AgroCarbone, visent à développer des modèles économiques qui permettent aux agriculteurs de bénéficier financièrement de leur engagement envers des pratiques agricoles durables.

Ce projet se concentre particulièrement sur les grandes cultures, comme le maïs et le soja. L’idée est d’établir des procédures simples permettant aux producteurs de valoriser leurs efforts en termes de réduction des GES. Les agriculteurs pourront ainsi choisir de vendre des crédits carbone sur un marché volontaire, où de grandes entreprises cherchent à compenser leur empreinte écologique.

Le chemin vers la durabilité à coût nul

Le défi reste de taille. De nombreux agriculteurs cherchent des solutions qui leur permettent d’améliorer leur bilan carbone sans coûts supplémentaires. Sylvestre Delmotte, consultant en agroenvironnement, affirme qu’il existe des pratiques agricoles accessibles à tous, qui non seulement améliorent le bilan carbone, mais peuvent également être mises en œuvre sans affecter la rentabilité des exploitations.

Cela comprend des techniques comme la réduction de l’utilisation des intrants chimiques, l’amélioration de la gestion des ressources en eau et l’adoption de cultures pérennes. Ces pratiques ont prouvé qu’elles pourraient non seulement contribuer positivement à l’environnement, mais également renforcer la santé des sols et la biodiversité.

Le temps presse : l’urgence d’agir

À l’approche de l’échéance de 2030, qui prévoit une réduction significative des GES, la pression pour les agriculteurs augmente. Les transformateurs agroalimentaires commencent à établir des objectifs de durabilité, venant ainsi renforcer l’idée que les standards pour les producteurs devront évoluer. Pascal Viens, un producteur laitier, mentionne qu’il commence à adopter des techniques qui favorisent le stockage du carbone, avec l’espoir qu’une prime sera mise en place pour récompenser ces efforts.

Les perspectives d’avenir

Alors que les agriculteurs se battent pour obtenir reconnaissance et soutien, la nécessité d’une transition écologique structurée devient de plus en plus évidente. Les gouvernements doivent agir en développant un cadre clair autour des primes vertes et des incitations financières, permettant ainsi d’encourager l’adoption de pratiques plus durables. De plus, des investissements dans l’éducation et l’accompagnement seront cruciaux pour aider les agriculteurs à comprendre et à mettre en œuvre des solutions concrètes.

Ce n’est qu’en unissant les efforts des agriculteurs, des gouvernements, et des acteurs de l’industrie agroalimentaire que nous pourrons réellement faire avancer la transition vers une agriculture durable et respectueuse de l’environnement. Les défis sont grands, mais les opportunités de changement positif le sont tout autant.

Témoignages d’agriculteurs en quête de soutien pour leur bilan carbone

Christian Grenier, un producteur de porcs de la région de la Capitale-Nationale, partage son expérience en matière de pratiques agricoles durables. Il souligne l’urgence d’agir face à la crise climatique, expliquant que « pour freiner l’emballement du climat, il faut rapidement arrêter d’envoyer du carbone dans l’air et plutôt le stocker dans le sol ». Malgré ses efforts pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES), il constate que ces initiatives ne sont pas encore valorisées financièrement par ses acheteurs dans le système agroalimentaire actuel.

Maude Fournier-Farley, directrice principale de l’innovation chez Sollio Agriculture, confirme que de nombreuses initiatives commencent à émerger dans le secteur. Cependant, elle déplore que « c’est encore très peu encadré, sinon pas encadré du tout ». Les agriculteurs, selon elle, sont en attente de paiements incitatifs qui n’ont pas encore été instaurés, bien que les bilans carbone et les pistes d’amélioration soient en cours d’élaboration.

Pascal Viens, éleveur laitier en Estrie, exprime son espoir et sa frustration vis-à-vis de l’absence de prime verte. « Je n’ai pas encore reçu de soutien pour les efforts que je déploie afin d’améliorer mon bilan carbone, mais je crois fermement que cela viendra. » Il fait confiance à l’évolution du marché et attend que les exigences de l’industrie agroalimentaire se traduisent par un soutien financier concret pour les producteurs.

Dans un autre témoignage, Renaud Péloquin, producteur de grandes cultures en Montérégie, fait écho au sentiment général d’attente et d’incertitude. Bien qu’il travaille activement à la réduction de ses GES et à l’amélioration de la santé de ses sols, il constate que ses efforts ne sont pas encore récompensés financièrement. « L’industrie agroalimentaire n’a pas encore envoyé le message aux producteurs », souligne-t-il, réitérant le besoin urgent d’un système de rétribution pour les initiatives durables.

Emna Marouani, directrice de la gestion des GES à la Coop Carbone, travaille sur le projet AgroCarbone pour développer des modèles d’affaires permettant de valoriser les réductions d’émissions. Elle insiste sur l’importance de créer des options adaptées aux réalités des agriculteurs dans le cadre de la transition vers des pratiques plus respectueuses du climat.

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